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L'oeil du Selen - le Retour
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28 février 2008

Société du Conditionnement

Conditionner

Déterminer quelqu'un, un groupe à agir de telle ou telle manière, à penser de telle ou telle façon (par l'éducation, la propagande, la publicité, etc.).

Je ne vous livre ici que la partie de la définition qui m'intéresse pour cet article. Bien sûr, j'aurais pu vous parler aussi du conditionnement des choses, des marchandises, mais cela m'aurait porté à me disperser.

Si j'ai voulu parler de ce sujet, c'est suite à un rêve que j'ai fait cette nuit. Je ne vous parlerai pas de ce rêve, qui est trop personnel, mais je voulais vous faire part de la réflexion à laquelle il m'a mené.

Tout d'abord, soyons clair, aucune société n'échappe aux conditionnements, car le conditionnement est la base de la construction et du maintien de n'importe quelle société. Cependant, dans notre société, qui est celle du jetable et de la consommation, le conditionnement a une importance toute particulière, en ce sens qu'il est le socle de tous les domaines de notre vie sociale. Ainsi, je me suis demandé rapidement ce que nous ne conditionnons pas, car il serait bien plus rapide d'en effectuer l'énumération, plutôt que celle des choses que nous conditionnons. Et je vous l'avoue tout de suite, je n'ai pas trouvé...

En vérité, je crois bien que nous conditionnons, tout, de A à Z, dans tous les domaines de notre vie, sans aucune exception.

Mon propos n'est pas de décréter que notre société est encore pire, ou meilleure, que telle ou telle autre société, mais simplement de remettre les choses à leur place, en rappelant que le mieux est souvent l'ennemi du bien, et de taper un coup de pied dans la fourmilière de notre société prétendument démocratique, vertueuse et respectueuse des droits de l'homme.

Car en effet, il s'agit bien ici d'un problème de démocratie. Car au-delà des marchandises empaquetées, enveloppées, "cellophanées", sous "blister", et maintenant de plus en plus, protégées par des codes barre, des boîtiers de sécurité, des filaments métalliques de détection, des puces électroniques de repérage, ce sont bien nos esprits qui sont menacés par cette manie sécuritaire. Aurions-nous peur de nous faire dérober nos esprits ?

Et bien souvent, la peur fait naître elle-même l'objet de son obsession, et c'est bien notre peur qui risque de nous entraîner vers le ravissement de nos esprits. Ravissement dans le sens de kidnapping, bien sûr.

Comme vous pouvez vous en rendre compte dans la définition, au cas où vous n'y auriez jamais pensé, le premier instrument de conditionnement de l'esprit, ou du mental, dans une société, c'est l'éducation.

C'est à dire, sans entrer dans des considérations par trop scientifiques, sociologiques ou psychologiques, que dès la petite enfance, nous sommes en quelque sorte conditionnés à penser et à nous comporter d'une manière prédéterminée par nos parents, et les gens de leur génération (adultes en général, instituteurs, professeurs, éducateurs, mais aussi psychologues, etc.). Aucune société n'y échappe, je le répète, mais notre civilisation donne d'emblée une part toute significative à cela, à travers l'école, les crèches, et en général, tous les lieux d'éducation.

Il convient d'avoir cela bien en tête, lorsque l'on réfléchit à la notion de démocratie, celle-ci n'allant jamais sans école ni éducation au sens large. C'est à dire que l'attitude démocratique n'étant pas innée, par opposition aux comportements animaux de domination et de soumission, nous avons besoin d'être éduqués, formés, à la démocratie, c'est à dire au respect de la parole et des idées d'autrui, fussent-elles contradictoires avec les nôtres.

Autrement dit, la tolérance à la différence est l'une des qualités nécessaires à la vie dans une démocratie. Mais il y a un hic, c'est que cette qualité comporte en elle-même les germes de dérives très graves. Ainsi, si l'on reproche souvent à autrui de ne jamais être assez respectueux des idées qui diffèrent des siennes, ou assez tolérant aux comportements qui sortent de certains sentiers battus, on oublie souvent qu'une tolérance excessive est susceptible d'être utilisée dans une démarche totalitaire.

Il serait long et fastidieux d'entrer dans le détail de ce type de mécanismes sociologiques, mais il est sans doute intéressant de s'y pencher tout de même plus près. C'est ce que je vous propose de faire dans une nouvelle série d'articles, qui permettront de préciser la place que peut tenir le chamanisme, à mon sens, dans la société moderne.

Comme il n'est décemment pas possible d'aborder un sujet aussi vaste sans risquer de le survoler en ne l'abordant qu'à travers un nombre réduit d'articles, cette série risque d'être assez longue, tant un sujet d'une telle importance mériterait un ouvrage à lui tout seul.

1) l'excès de tolérance utilisée à des fins totalitaires, réflexions sur la démocratie
2) la nécessité de l'utilisation de la tolérance à la différence à bon escient (ne pas se tromper d'ennemi) et le paradoxe du rejet du jugement
( 3) ce que c'est que l'esprit)
* 4) l'escalade de la peur
5) le chamane : un guérisseur des sociétés
* 6) parallèles entre conditionnement matériel, et conditionnement mental
* 7) les sectes dans tout ça
* 8) la société du tout jetable et la mode
9) le rôle de l'école
10) la volonté de pouvoir
* 11) démocratie et démocrature
* 12) la valeur travail, la souffrance, le martyr et les autres valeurs chrétiennes transitoires

1 - La peur

    N'avez-vous jamais songé que la peur est l'un des instruments du conditionnement. Il semblerait même qu'il soit l'instrument par excellence de celle-ci, et cela s'exerce de plusieurs manières...

    Bien entendu, dans tous les cas, les médias seront l'outil privilégié de l'exercice de la peur. Allumez un peu une télé, regardez là pendant quelques heures, ou mieux, faites cela plusieurs jours ou semaines de suite, sans oublier de repérer, à chaque fois, les signes de la peur. Vous vous rendrez bientôt compte qu'elle est partout. Vous me direz aussi qu'il n'y a pas que cela à la télé. C'est vrai. Dans votre corps il n'y a pas non plus que du sang, mais il y en a quand même beaucoup, si bien que cela conditionne votre vie, de même que la peur est l'un des ingrédients centraux de la communication médiatique.

    Le premier sujet qui vient à l'esprit dans ce domaine est bien entendu l'insécurité. Celle qui justifie de maintenir, d'organiser, et bien sûr de développer une politique en conséquence. Si l'on écoute les médias, l'insécurité n'a jamais été aussi présente qu'aujourd'hui. On a jamais eu autant de risques, citons pêle-mêle, d'être agressé dans la rue, cambriolé, violé, harcelé au travail, mais aussi d'attraper le sida, et puis en plus d'anciennes maladies mortelles refont surface, d'après ce qu'on nous dit, en même temps que de nouvelles, tout aussi terribles, apparaissent. Mais bien sûr, les risques ne s'arrêtent pas là. On risque de mourir en voiture, en train, en avion, en bus, les jeunes sont menacés par les pédophiles, et les vieux par la maltraitance dans les "mouroirs" que sont les hospices pour personnes âgées. Et n'oublions surtout pas les risques liés au terrorisme, aux étrangers, au chômage, les chiffres sur les suicides, les accidents du travail, les dépressions.

    Certes, ces choses sont réelles. Mais sont elles pour autant pires qu'auparavant ? N'avez vous jamais entendu parler des bandits de grands chemins ? Des bandes qui sévissaient déjà dans les quartiers mal famés depuis de longs siècles ? Avez-vous entendu parler des terribles épidémies de peste, de choléra, de la lèpre, et de toutes les maladies sexuellement transmissibles autrefois incurables, que l'on connut dans le passé ? Savez vous que non seulement autrefois une femme avait statistiquement beaucoup plus de chances d'être violée qu'aujourd'hui, au cours de sa vie, ou un enfant de subir l'inceste à répétition, mais qu'en plus cela laissait pratiquement tout le monde plus ou moins indifférent, tant la vie était plus dure autrefois ?

    Je ne suis pas en train de dire que nous vivons l'époque idéale, au sein d'un paradis terrestre avéré... Je suis simplement en train d'affirmer un décalage extrêmement profond entre la réalité et la perception que nous en avons. On nous effraye pour tout, et cela pourquoi ? Selon les cas pour nous maintenir dans une attitude, par exemple la peur de l'étranger, ou au contraire pour nous faire changer une attitude qu'on ne juge plus adaptée. Par exemple, nous culpabiliser au sujet de notre consommation énergétique en nous parlant de la fonte des glaces et du réchauffement est-elle vraiment une attitude fondée ou est-ce que l'on fait ça parce que l'on considère par défaut que les masses sont de toute façon trop imbéciles pour réagir à autre chose qu'à la peur ? En clair est-ce qu'on ne nous prend pas pour des cons ?

    Le pire, c'est qu'on ne nous fait peur que lorsque cela sert des intérêts gouvernementaux. Par exemple on nous effraye au sujet du réchauffement climatique, parce que cela permet d'apporter de l'eau au moulin radioactif de la politique gouvernementale, mais qu'on omet de nous dire qu'en fait il n'y aura très bientôt plus de pétrole à bon prix, et que c'est la seule vraie catastrophe que menace notre civilisation, nos modes de vie, etc. On pourra toujours vivre sur cette planète si sa température moyenne s'élève de 1 ou 2 degrés, mais on ne pourra plus vivre de la même façon sans pétrole... Mais de cela, on ne nous dit mot, préférant nous faire avaler que le nucléaire, lui, ne pollue pas, et est sans risques... Comme si le risque zéro existait. Et bizarrement on ne nous effraye pas non plus sur les risques d'une catastrophe nucléaire en europe de l'ouest... Ce qui a pourtant failli se produire pas plus tard que l'été dernier, eu Suède...

http://www.hns-info.net/article.php3?id_article=8901

Un autre lien, sur la fin de l'ère du pétrole :
http://www.oleocene.org/

    Alors certes, on nous fait parfois peur pour de bonnes raisons, mais ne trouvez vous pas exagéré de trouver sur des paquets de cigarette des mentions telles que "le tabac tue" ou le "tabac provoque le cancer". Et là, je précise que je suis un non-fumeur invétéré qui a vraiment du mal à supporter la clope des autres, mais un ton aussi direct, là où la publicité emploie d'habitude des méthodes beaucoup plus détournées pour nous influencer, ne lasse pas de m'étonner...

    Donc je résume, on nous fait peur pour nous faire adopter les comportements qui conviennent à ceux qui décident des politiques à notre place, alors que nous les avons élus pour nous rendre des services, mais on ne nous fait pas peur au sujet de choses éminemment dangereuses, parfois imminentes, qui elles, menacent directement nos modes de vie...

    Mais alors pourquoi opérer un tel choix ? Je ne vais pas vous servir l'argument de big brother, bien qu'il soit en partie vrai. Je le résume quand même...

    Big Brother veut notre bien. Big Brother sait mieux que nous ce qui est bon pour nous. Il a donc décidé de nous l'imposer. Big Brother nous rappelle de plus que la guerre fait rage dans certaines parties du monde, que le terrorisme est triomphant, et que l'ennemi menace chaque jour d'envahir nos terres et de détruire nos sacro-saintes libertés, acquises par la force de la révolution et dans le but d'établir une démocratie idéale dont la puissance économique ne sera jamais démentie. Par conséquent, pour nous défendre contre ces périls, Big Brother mène une inlassable guerre au terrorisme et au Satan d'en face... Le Big Brother de l'autre grande puissance...

    La vérité est que Big Brother, en étant omniprésent et omnipotent, nous empêche d'accéder à notre véritable pouvoir démocratique, en prétendant tout décider à notre place. Il nourrit les industries de l'armement et les spéculateurs financiers par la manne que crée une guerre en réalité éloignée, principalement concentrée en Afrique, au Moyen-Orient et certaines régions d'Asie, et dans laquelle sont principalement impliqués l'alliance Atlantique (USA + GB), l'Europe (Eurasia chez Orwell) et un autre groupe dont j'ai oublié le nom.

    A ces fins, il essaye de surveiller les citoyens appartenant à la classe moyenne, celle qui est la plus sensible, car déjà éduquée, accédant à des fonctions de gestion de l'état, mais ne profitant pas vraiment de la richesse nationale. Ces gens ont donc besoin d'être fliqués, filmés, conditionnés, et s'ils ne le sont pas assez bien, harcelés, puis torturés...

    J'ai dit que la thèse de Big Brother était en partie vraie. Vous pensez peut-être que c'est un pur délire, mais regardez bien autour de vous à qui profitent les guerres, qui les fait, qui les organise en plaçant des gouvernements fantoches, qui manipule les services secrets de autres pays pour arriver à ses fins... Réalisez qu'il y a un peu de Big Brother aussi bien chez des gens comme Hitler, Staline, que chez des Bush, ou des Sarkozy et vous verrez que la guerre centrée autour du moyen orient et orchestrée par l'occident pour servir uniquement ses propres intérêts, c'est à dire pétrole, armement et spéculation financière, est déjà en cours. C'est d'autant plus vrai que nos pays occidentaux sont en train de s'équiper en masse de caméras de surveillance dans les rues, l'Angleterre faisait office de pionnière à ce niveau, et tout cela pour notre bien, of course...

    Il faut ajouter aussi que la guerre au moyen-orient, prétendument livrée pour stabiliser la région et lutter contre le terrorisme et les gouvernements totalitaires qui l'organisent, aboutissent en réalité à l'inverse. Non seulement ni l'Irak ni l'Iran ne possèdent d'armes de destruction massive, mais en plus Saddam Hussein était un opposant à Ben Laden, tandis que le pays qui est le véritable siège actuel des talibans n'est autre que la Pakistan, lui par contre étant en effet doté de l'arme nucléaire, mais dont personne ne parle... De plus ces guerres ne font que développer le terrorisme, et c'est bien normal, puisque le terrorisme sert les intérêts des gouvernementaux en servant de prétexte à ces guerres d'accaparation du pétrole, tout en justifiant la mise en oeuvre de politiques sécuritaires afin de maintenir les peuples occidentaux dans la peur et donc dans la soumission aux décisions de nos bien aimés Big Brother.

    Pourtant, malgré ces explications, j'estime que l'argument Big Brother, aussi lumineux soit-il, d'autant qu'il fut développé dès les années 40 pour dénoncer les méthodes de formation, de gouvernement de maintient des états totalitaires, y compris en occident, par George Orwell, n'est pas suffisant pour expliquer pourquoi on nous maintient dans la peur et l'ignorance, les deux allant souvent de paire pour aboutir à soumettre des populations.

    Car il y a une chose qu'il faut prendre en compte c'est qu'aucun Big Brother ne pourra jamais exister, et je ne saurais dire si en réalité c'est un mal ou un bien... D'ailleurs dans l'ouvre dans l'oeuvre de George Orwell, on comprend bien que Big Brother n'existe peut-être même pas, et c'est une des subtilités à bien comprendre... En effet, aucun homme équivalent à Big Brother ne pourrait réellement gouverner. Hitler n'a guère gouverné qu'un peu plus que le temps d'une guerre, de même que Staline. Ce qu'il faut pour maintenir un peuple dans la soumission, ce n'est pas un homme, c'est une image... Car les peuples sont très réceptifs et très influencés par les symboles, et c'est tout le génie d'Orwell d'avoir su retranscrire cela. En quelque sorte, Big Brother est immortel, tant qu'on ne réalise pas que son pouvoir n'existe que parce que nous acceptons de nous y soumettre. Dans les états totalitaires qui perdurent, tels que la Birmanie ou la Chine, il faut empêcher les révolutions, et pour cela incarcérer ou exécuter tous les opposants au régime... C'est pourquoi ce que nous appelons faussement démocratie nous offre tout de même une chance dérisoire de vaincre la dictature de l'argent et du pouvoir d'exercer une dictature sur les pays plus faibles, tels que ceux du moyen-orient...

    Car c'est là la soupape de ce que nous appelons démocratie. Là où en réalité le pouvoir n'appartient toujours pas aux peuples, en revanche il a la possibilité de se rebeller... Le problème est que les révolutions mènent souvent, précisément, à des dictatures, tel qu'en Chine, et cela aussi Orwell l'avait prédit, lui qui était un grand observateur des états totalitaires et un grand analyste de la manière de fonctionner.

    Cependant, et c'est là la seule faille que je connaisse au raisonnement d'Orwell, aucun gouvernement n'est gouverné par une image, puisque dans les démocraties comme dans les dictatures se sont des personnalités réelles, et donc faillibles, qui dirigent. Là est leur talon d'Achille, qui explique pourquoi on ne nous parle ni de la crise pétrolière à venir, ni des vrais dangers et des vrais problèmes que pose le nucléaire à long terme, notamment sur la gestion des déchets sur des milliers d'années par des générations que nous ne rencontrerons jamais, si toutefois elles voient le jour...

    Car reconnaître que si l'on utilise le nucléaire c'est parce qu'on n'a pas d'autre solution, et qu'en réalité on ne maîtrise rien, c'est prendre le risque de dire tout haut ce que les spécialistes savent mais ne disent presque jamais, donc prendre le risque qu'on ne nous croit pas, donc de ne pas être crédible, et donc de ne pas accéder au pouvoir, ou de ne pas y rester... Mentir et fuir en avant reste donc le dernier recours de ceux qui nous gouvernent, prétendant que nous sommes des peuples éduqués et savants, mais nous maintenant dans l'ignorance de ce qui se passe réellement.

    Et l'on retrouve donc ici le thème de l'image, celle de Big Brother. Celle que Lénine déjà, et Hitler ensuite, manièrent avec brio afin de faire accomplir le pire par les peuples qui se soumettaient à eux... De même que Bush qui envoie ses soldats utiliser de l'uranium appauvri en Irak, qui contamine les populations civiles qui meurent par dizaines de milliers, et qui n'étaient peut-être pas si mal sous Saddam, si on leur donnait le choix aujourd'hui... C'est un comble que de dire cela...

    Je pourrais encore continuer longuement à vous démontrer à quel point les peuples ne sont bien souvent que des moutons asservis par la peur à des pouvoirs tous plus ou moins totalitaires, y compris dans les démocraties, tant ce terme idéal sert de couvertures à des dérives de plus en plus importantes, notamment en Russie, mais aussi aux USA, où le Patriot Act est en train de servir de caution pour empêcher les citoyens de s'exprimer librement, et ceci en dépit du second amendement de la constitution, sur le droit à une liberté d'expression totale, qui est de plus en plus piétiné depuis le 11 septembre 2001.

    Je pourrais aussi vous parler d'autres émotions susceptibles de maintenir les gens sous oppression, telles que la joie... Pascal, lorsqu'il parlait du divertissement, nous expliquait déjà cela. En quelque sorte, divertir, c'est faire diversion, sus-entendu pendant qu'il se passe des choses plus importantes que le spectacle qui maintient notre attention... Les romains l'avaient déjà bien compris, avec les arènes, et la fameuse doctrine "du pain et des jeux"... Et l'on pense immanquablement à la télé... Et la boucle serait donc bouclée par rapport à mon avertissement sur les médias en début d'article...

    Je pense donc que cette démonstration est déjà assez longue éloquente pour expliquer à quel point nous sommes en réalité peu aptes à avoir une influence sur les actes que les gouvernements que nous sommes censés élire accomplissent en notre nom... Et ce n'est que le début de cette série d'articles. Dans le prochain j'examinerai plus finement certains aspects de notre conditionnement quotidien et la manière de répondre ou non au conditionnement.

2- Le travail empêche de réfléchir ?

    Tiens, j'ai décidé de changer un peu de ton pour ce billet. Je viens de me rendre compte que je n'ai pas écrit de billet depuis 9 jours, et c'est assez inhabituel. La raison en est pourtant simple, c'est que je travaille depuis une semaine. En tant que stagiaire.

    J'avais déjà remarqué ce phénomène déprimant, pendant les 5 années que j'ai travaillé en tant qu'animateur : le travail ne me laisse pas assez de temps pour réfléchir, philosopher, observer le monde, et accessoirement me livrer à ma passion, c'est à dire écrire.

    Ces 5 années furent un néant total en terme d'écriture. 5 années durant lesquelles j'ai du produire en tout et pour tout 20 pages, alors que depuis que je ne travaille plus, c'est à dire 7 ans, mes romans et nouvelles doivent totaliser pas loin de 1500 pages.

    Dans mon précédent billet, je vous parlais de l'utilité de la peur pour conditionner des peuples entiers, soumis aux dérives médiatiques, elles-mêmes plus ou moins au service du pouvoir. Mais le travail remplit une autre fonction tout aussi primordiale: empêcher les gens de se déconditionner en leur ôtant tout leur temps libre. Je ne sais pas pour vous, mais moi, même à mi-temps, quand je rentre chez moi, je n'ai pas envie de passer mon temps à mon énergie à me prendre la tête. J'allume donc plutôt internet, la télé, ou un jeu vidéo, et c'est parti. Et pareil le week-end, qui sert principalement à absorber la fatigue de la semaine... Aujourd'hui je me suis levé excessivement tard, et je me suis dit que j'allais laisser le blog pour ce week-end. Mais en fait non. Je ne veux pas lâcher le morceau. Je crois qu'une partie de l'énergie doit tout de même partir dans la réflexion, sinon on se zombifie un peu plus chaque jour... Voir les films de Romero, où les zombies sont des gens sans cervelle déambulant dans les centres commerciaux et les villes, et essayant de contaminer les autres à la religion de la consommation et de les pousser vers la décérébration...

    Lorsque je travaille, je passe donc de penseur à citoyen moyen, et je redeviens un quasi-zombie incapable de prendre le temps de réfléchir, préférant "s'alimenter" des soirées foot américain du satellite... Manque plus que le pop-corn, et me voilà disciple du dieu dollar, citoyen esclave d'une démocratie toute faite, jouée sans moi, obèse en devenir. Obèse de la nourriture et des divertissements qu'on met à portée de ma main. Pour un peu, je finirais même par croire que la démocratie consiste à poser un bulletin dans une urne et de s'en foutre tout le reste du temps. Alors que je n'ai jamais mis aucun bulletin dans une urne, préférant l'arme des mots, me défiant de la société du divertissement et des démocraties arbitraires dans lesquelles un élu peut décider arbitrairement, sans que rien ni personne ne puisse l'en empêcher de multiplier son revenu par trois et de modifier à la baisse les régimes de retraite de ceux qui sont allés l'élire. Vous appelez ça une démocratie ? Votez, re-votez, qu'ils disaient... Rendez-vous donc coresponsables de ces purs sacrilèges contre le principe même de démocratie... Et regardez la télé, surtout TF1, vous n'y verrez que du feu...

    Car la démocratie est aussi une idée, un idéal, que l'on utilise aussi bien pour prévenir des dérives, que pour les préparer... Ainsi l'on peut aussi bien invoquer le principe de démocratie pour défendre les droits de l'homme, que pour les abolir... C'est le cas par exemple aux USA, où le simple fait qu'un homme ait été élu président (deux fois et dans des circonstances contestables à chaque fois) lui autorise d'interdire à ses citoyens (ceux qui ont voté pour lui comme les autres, majoritaires, d'ailleurs) de le critiquer, sous peine de sanctions pouvant aller jusqu'à la prison et la torture. C'est ainsi que, comme je l'ai vu hier sur Planète Société (oui le satellite ne me sert pas qu'à regarder des mecs en armure se tabasser, comme aux arènes) que le principe de démocratie devrait suffire à fournir une interdiction à tout acte de désobéissance civile, même lorsque c'est pour le bien de tous.

    L'argument est en gros que, puisque la démocratie permet à tous de s'exprimer, c'est à dire en réalité de mettre un bulletin dans une urne et de s'en foutre le reste du temps, tout acte qui ne passe pas par les canaux officiels (fauchage d'OGM, hébergement de sans-papiers), aussi humanistes puissent-ils être, et en accord avec la charte et la constitution des droits de l'homme, sont illégaux, et considérés comme d'autant plus scandaleux par quelques censeurs assis sur leurs privilèges quasi aristocratiques, et eux contraires à l'esprit de la constitution française, que cela constituerait soi-disant une prise en otage de la démocratie et de ceux qui passent par les canaux officiels.

    C'est à dire les urnes que l'on met à leur disposition, et maintenant les ordinateurs de vote, dont on dit qu'ils auraient permis de falsifier la deuxième élection d'un certain George Walker Bush. Et aussi, TF1, chaîne officielle du conditionnement d'état, c'est à dire de la propagande du système de consommation-divertissement-assujettissement des individus à une pseudo-démocratie.

    Car c'est ainsi que l'on installe une démocrature. C'est à dire une dictature sous couvert de démocratie. Un système d'état dans lequel chacun est bien rassuré sur les finalités "humanistes" du gouvernement (prêt à aller tuer des iraniens et à envoyer des français s'y faire tuer "pour le bien de tous"), occupé par des divertissements abrutissants (télévision, boites de nuit, stades-arènes...), et conditionné à accepter tout cela à l'école dès l'âge maternel, c'est à dire avant l'âge de raison supposé se situer être aux alentours de 7 ans, et être celui du début de l'esprit critique... J'y reviendrai.

    Tout cela pour dire que vous pouvez vous attendre à ce que mon blog tourne au ralenti pendant le temps de mon stage, c'est à dire un petit mois, ou le temps que je m'habitue au rythme pour me remettre dessus avec plus d'assiduité. Mais pas question de laisser tomber. Je crois, sans vouloir tomber dans l'acharnement, ni dans la paranoïa la plus aiguë, que la vraie démocratie, de nos jours, relève de l'attention de chaque instant. Pour ne pas basculer dans ce que j'appelle la démocrature, dans laquelle nous sommes quasiment, il faut rester vigilant, observer autour de soi, réfléchir, s'accrocher et ne pas se laisser emporter par le courant. Sinon, il devient parfois difficile de retrouver à nouveau une berge, tout étant fait pour nous entraîner dans une infernale spirale de consommation et d'abrutissement total.

    Sur ce, je dois vraiment vous laisser... Un important match m'attend...

3-Le contrôle social

    Mon propos n'est pas ici de définir le contrôle social, mais simplement de rappeler ce que c'est et de lier ce thème à celui du conditionnement.

    C'est donc sur ce vaste thème que s'ouvre l'année 2008 de mon blog. Il m'a fallu prendre du recul sur pas mal de choses avant de pouvoir revenir l'alimenter, et j'ai finalement décidé que le mieux était sans doute de poursuivre ma série concernant la place du conditionnement dans notre/nos société(s) moderne(s).

Pour ne pas trop m'étendre sur la définition, je vous propose d'aller simplement jeter sur celle qu'en donne wikipédia :

Http://fr.wikipedia.org/wiki/Contr%C3%B4le_social

    Quelques points me semblent particulièrement importants à souligner, dans la définition habituellement donnée du contrôle social :

- La notion de contrôle explicite (règles, loi...) et de contrôle implicite (la norme)
- L'idée d'une démocratie nécessairement imparfaite, à cause de l'endoctrinement et des biais médiatiques

    Le contrôle social est sans doute nécessaire, comme le reconnaissent la plupart des sociologues, du moins jusqu'à un certain point. Le problème intervient lorsque le niveau de contrôle social devient trop important pour que les peuples puissent encore s'exprimer et revendiquer une certaine liberté, au moins tout aussi nécessaire à l'épanouissement collectif.

    Mais quel que soit le niveau de contrôle social, il est en perpétuel conflit avec la notion, antinomique, de liberté, plus particulièrement si l'on considère la liberté comme un absolu.

    Des penseurs tels que Chomsky décrivent très bien les mécanismes du contrôle social. C'est pourquoi je vous encourage à vous renseigner sur ses discours, qui vous éclaireront bien plus que mes articles, sur cette notion précise.

    J'en reviens aux points que j'ai mis en exergue plus haut. On considère donc que toute démocratie est nécessairement imparfaite, puisqu'à l'intérieur de celle-ci s'opposent les principes de liberté et de contrôle social. On considère aussi que le contrôle implicite, c'est à dire la norme sociale, exerce généralement sur les individus une force plus contrôle que les lois elles-mêmes. Je suis tout à fait d'accord avec cette conclusion, mais avec un bémol : les deux notions peuvent se compléter pour se renforcer mutuellement. C'est ainsi que les gouvernements, qui promulguent les lois, ont intérêt à préparer le terrain de ces lois en utilisant la propagande, par le biais des appareils d'états, ou de ceux qui y sont directement ou indirectement subordonnés, c'est à dire les médias, dont on se rend de plus en plus compte qu'ils ne sont pas du tout indépendants des pouvoirs politiques et économiques.

    Ce que je disais dans un article précédent concernant Big brother illustre tout à fait ce principe que la propagande (contrôle implicite) peut rendre beaucoup plus efficace le contrôle explicite.

    Mais pourquoi le contrôle social implicite est-il si puissant ? Parce que la norme s'auto-alimente et se perpétue, comme le ferait une espèce vivante. Elle est comme une force que les peuples nourrissent, exactement comme les animaux de la ferme nourrissent ceux qui les mangeront à la faim... Pardon à la fin. (référence à la ferme des animaux, d'Orwell, oui encore lui)

    En effet la norme n'est pas quelque chose que l'on peut se borner à contester et à rejeter facilement. C'est l'une des forces principales de la société. Une fore qui n'est ni bonne ni mauvaise, mais simplement les deux à la fois, et si on lui laisse prendre trop de force, elle nous écrasera par ses mauvais aspects. On ne cesse de cracher sur l'individualisme, mais l'individualisme est pourtant l'une des forces qui maintient un équilibre avec la norme. Si la norme ne nous permettait pas d'exprimer notre individualité, où passerait notre nécessaire capacité de vigilance et de révolte ? Derrière la télé, avec la poussière ?

    La norme, je le rappelle, ce n'est pas uniquement le respect des lois, des autres, de la hiérarchie, des conventions sociales, c'est aussi le respect de petites choses débiles et sans intérêt telles que la mode. Suivre la mode, suivre la norme, c'est vouloir être accepté comme une partie du tout, au risque de nier sa personnalité, son individualité, sa particularité, jusqu'à sa capacité de révolte, voire d'existence en tant qu'individu... C'est cela, le danger qui menace les individus vivant dans une société dans laquelle la norme devient la référence unique. Et c'est pourquoi il n'y a rien qui me répugne tant que les gens qui n'ont que ces mots à la bouche : "normal", "anormal"... Faut-il rappeler qu'être "anormal" n'est pas être fou, ou dangereux, mais simplement différent de la norme ? Faut-il rappeler qu'il est absolument nécessaire qu'il existe des gens qui ont le courage de sortir de la norme, voire de s'y opposer ? Et ceci afin de créer un contre-pouvoir. Car il s'agit bien de contre-pouvoir, le mot n'est pas trop fort. Une société dans laquelle personne n'oserait sortir des sentiers battus, ou tout le monde s'écraserait devant la critique d'autrui, serait une société condamnée, car cette société serait comme un monstre déséquilibré qui finirait par s'écraser contre le premier obstacle de taille venant en face de sa fuite en avant effrénée.

    Or c'est précisément ce qui se passe aujourd'hui. Nos vies sont liées à celles d'un monstre qui marche aveuglément en avant, alors que de mortels obstacles se dressent sur son passage. Une société dans laquelle les élites écrasent les peuples de leur pouvoir qui n'est pas contré, car les contre-pouvoirs politiques, écologiques, alter-mondialistes et autres, ne sont pas assez puissants pour lutter contre une telle machine.

    Mon propos n'était donc pas, comme je l'ai bien dit, de me contenter de définir la notion de contrôle social, mais d'expliquer pourquoi, selon moi, il est grand temps de se réveiller et de lutter contre ce principe, afin d'enrayer une course folle vers l'auto-destruction de toute vie et de toute santé mentale...

    C'est pourquoi il est temps de comprendre pourquoi l'anticonformisme n'est pas à prendre a priori comme un danger contre un ordre établi qu'il ne faudrait surtout jamais remettre en question, mais comme une nécessité, même si elle dérange. Il est nécessaire qu'existent des gens "bizarres", et même des gens "inquiétants", car ces gens, que nous ne comprenons pas toujours, sont les garants de la santé mentale de la société. En quelque sorte, ils prennent sur eux une part de la folie dissimulée dans nos sociétés pour la réutiliser de manière constructive, même si nous ne comprenons, là encore, pas toujours leur finalité. Il faut des gens qui dérangent, des poils à gratter, des empêcheurs de tourner en rond, en un mot des emmerdeurs à la mesure du pouvoir qui écrase les masses.

    Je pense que je consacrerai bientôt un article à ces personnes là, ces dissidents, qui sont tellement nécessaires à l'humanité.

4- Le discours religieux et les sectes

    Dans cet article, je reviens sur la valeur du travail et l'aspect religieux dans les discours de conditionnement. Vous n'y trouverez peut-être pas exactement ce que vous croyez y lire...

    Lorsqu'on parle de conditionnement, l'une des premières choses à laquelle on pense, ce sont les sectes. A tort, à mon avis.

    En effet le conditionnement religieux ne se trouve peut-être pas vraiment là on l'attend, dans nos sociétés. En France, nous avons pris la fâcheuse habitude de considérer les sectes avec une paranoïa aiguë, depuis que de nombreux reportages télévisés ont été diffusés, dans les années 80 et 90.

    Ces reportages soulignaient, à juste titre, le danger d'endoctrinement qui existe dans beaucoup de mouvements sectaires. Ils oubliaient en revanche de dire une chose essentielle : cet endoctrinement ne diffère pas beaucoup du conditionnement social de masse, et n'est au final pas vraiment plus dangereux que celui-ci, puisque les quelques excès qu'on aura observé (et qui sont réels) ne dépassent pas franchement les abus et les erreurs qui existent dans nos postes de police et nos tribunaux (sans vouloir jeter le discrédit sur ceux-ci).

    En effet, dans la lignée de cette série de reportages alarmants, de nombreuses commissions, associations, ligues, ont été créées, pour faire face à la "menace sectaire". Toutes ces organisations se sont montrées inaptes à faire reculer cette fameuse menace, et des rapports récents mettent d'ailleurs en lumière la relativité de cette menace, qui est en réalité dérisoire, en même temps que l'inefficacité et même l'ineptie de ces organismes, qui s'avèrent finalement réaliser surtout un formidable gâchis d'argent public.

    Voici un article qui explique les conclusions d'une commission d'enquête parlementaire sur les sectes et les enfants, enregistrée fin 2006 :

Http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=33560

    Un extrait représentatif de ce que révèle l'article, pour ceux qui ne veulent pas le lire en entier :

"Du côté du ministère de la Justice, le 3 octobre 2006, Mme Sancy, directeur de la protection judiciaire de la jeunesse, répondait à la commission : "Il y a trois ans, nous avons réalisé, auprès des juges des enfants, une enquête de manière à pouvoir, nous aussi, cerner un peu statistiquement ce que pouvait représenter la problématique sectaire dans le travail des magistrats et des éducateurs et nous nous sommes aperçus qu'elle était très marginale par rapport à l'ensemble des autres problèmes que notre direction est amenée à gérer pour ces mêmes mineurs, à savoir les problèmes de violence, de déscolarisation, d'insertion professionnelle, de difficultés familiales".

Du coté du ministère de l'Intérieur, Didier Leschi, chef du bureau central des cultes, déclarait : "En vue de cette audition, j'ai demandé aux préfectures de recenser, sur les trois dernières années, les incidents liés à la transfusion. Il est remonté un petit nombre d'incidents, souvent réglés par la discussion. Aucun incident mettant en cause des enfants ou un pronostic vital n'a été relevé".

Pour le ministère de la Jeunesse et des Sports, M. Etienne Madranges répondait : "Statistiquement, depuis les trois dernières années, nous n'avons pas eu de cas où nous ayons pu démontrer une mise en danger délibérée des mineurs".

La Commission avait aussi interrogé Mme Françoise le Bihan, du ministère des Affaires étrangères, qui avait répondu le 17 octobre : "Notre service est en charge de tout ce qui concerne la protection consulaire des Français à l'étranger, donc aussi des enfants. Aussi est-ce dans l'ensemble du périmètre de nos actions que j'ai recherché celles qui pouvaient intéresser votre mission. Dans ce vaste ensemble, je n'ai trouvé trace que de deux cas présentant un lien avec le comportement sectaire : le premier, qui se situe au Canada et qui a défrayé la chronique est celui de Mme Getliffe et de ses enfants, le second, pour lequel je ne souhaite pas donner de nom, concerne le père d'un enfant que sa mère a emmené en Suisse [...] Il n'y a pas eu d'autres cas que les deux que je viens de vous citer".

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    On voit donc que la fameuse menace sectaire, si inquiétante, telle qu'on nous la présentait il y a une quinzaine d'années, n'est finalement qu'un misérable feu de pailles. Il aura certes brûlé quelques personnes naïves, on ne peut le nier...

    Mais il y a plus grave. Certains organismes dits de lutte contre les sectes ont donné lieu à de graves dérives, telles que la séquestration d'innocents, des mauvais traitements ayant pu conduire à de graves blessures, voire à des traumatismes physiques et psychiques... Est-ce ce qu'on appelle traiter le mal par le mal ?

    Je ne résiste pas à vous fournir ce lien, plutôt que de grands discours, qui énonce très bien certaines dérives que j'évoquais :

Http://www.sectes-infos.net/Activistes.htm

    Ayez la curiosité de le consulter, et vous constaterez, si vous ne le savez pas encore, que ces organismes, dont certains arrivent occasionnellement à faire pire que les sectes qu'ils dénoncent, ont souvent eux-mêmes tout des sectes qu'ils dénoncent.

    Par exemple en France, ce pays de la paranoïa anti-sectaire, de l'anti-cléricalisme et de la "laïcité", terme bien peu adapté à certaines dérives idéologiques parfois extrêmes, de nombreux dirigeants, ou présidents d'organismes "anti-sectes" ne sont autres que des membres d'institutions religieuses. Est-ce là la garantie d'impartialité que l'on doit attendre de tels groupements ?

    Prenons deux exemples.

    1) Info-sectes (http://www.info-sectes.org/)

    Ce site, qui se présente comme un bienfaisant lieu de renseignement sur les méchantes sectes, s'avère en effet être géré par quelques fondamentalistes catholiques qui ont aussi créé un site sur la bible (http://www.info-bible.org/) bizarrement aussi appelé "info-bible".

    Selon cette bande d'illuminés, tout ce qui ne partage pas leurs croyances est une secte. C'est ainsi qu'ils n'hésitent pas à affirmer que le dalai-lama est copain avec un démon, ou à sous-entendre que l'islam et le judaisme sont des sectes, au même titre que la scientologie, les témoins de Jehovah ou encore ceux qui se passionnent un peu trop pour Harry Potter. Il va de soi que je leur laisse la responsabilité de leurs propos...

    2) UNADFI et ADFI (Union Nationale des Associations de Défense des Familles et de l'Individu)

Un article qui en parle mieux que moi :

Http://www.sectes-infos.net/ADFI.htm

Extraits :

"Au sein de cette structure internationale, les psychiatres occupent une place de premier plan. Ces derniers sont des spécialistes des contrôles du mental humain, (hypnose, électrochocs, injection de drogues), des techniques de manipulation des foules, du "deprogramming" qui, par des pratiques diverses et violentes, vise à rétablir la "santé mentale" des individus concernés.
Parmi ces psychiatres :
   Ted Patrick : ancien psychologue de l'armée américaine, qui a adopté les méthodes brutales de "deprogramming" pour réinsérer dans le droit chemin les membres des "sectes" (enlèvement, séquestration, violence...).
   Dr John Clark : Spécialiste du contrôle mental et ancien assistant du Dr Lindemann de la C.I.A. Il a été sanctionné par le Conseil de l'Ordre des Médecins du Massachusetts pour avoir interné de force une personne en raison de ses croyances religieuses. En 1983, il a proposé un plan visant à faire disparaître les "nouvelles religions". Clark dénonce les barrières juridiques des sociétés démocratiques et libérales qui se dressent pour contrarier ses conceptions personnelles. Ses travaux sont souvent cités dans les publications de l'A.D.F.I.
   Margaret Singer : Elle fut psychologue militaire et eut des problèmes avec la justice américaine, qui considéra que ses rapports de psychiatrie étaient "des jugements de valeurs déguisés sous la forme d'opinion d'expert".
   Dr Louis West : Il préconisait la stérilisation des Noirs et des Hispano-américains pour lutter contre la criminalité. Il est souvent cité dans les publications de l'A.D.F.I. (ex : Bulles)."

"Le siège de l'A.D.F.I. est très fréquenté par le clergé, par l'abbé Trouslard qui y représente le Vatican, mais aussi par Mgr Vernette, l'abbé Yvon Lemoine, et l'évêque de Tours...). A l'origine, l'A.D.F.I. bénéficiait de locaux gracieusement offerts par une paroisse catholique."

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    Mais alors, si la menace sectaire est en réalité si minime et que les associations de lutte anti-sectes n'échappent pas aux dérives qu'elles dénoncent, qu'est-ce qui se passe en réalité ?

    Et bien tout simplement, ce qui se passe, c'est que les sectes déplaisent aux pouvoirs en places, qui sont encore fortement imprégnés de religions judéo-chrétiennes, et voient les discours et dialectiques qui ont lieu dans les sectes comme une subversion. Ce n'est rien d'autre que ça.

    En d'autres termes, l'ordre établi voit d'un mauvais oeil une concurrence qui existe au sein de la société, et qui remet en cause la norme sociale (voir article sur la notion de contrôle social). A partir de là, les représentants des religions encore influentes (christianisme surtout) se mobilisent dans des groupes de lutte pour ne pas voir trop de leurs précieux agneaux s'égarer dans des mouvements alternatifs.

    Par conséquent, si l'on peut dire que certaines sectes se sont montré dangereuses, après un examen attentif, l'on réalise qu'elles constituent bien plus l'exception que la règle. Cependant les médias ne parlent la plupart du temps que des exceptions, ce qui conduit à des généralisations abusives, comme quoi puisqu'il s'est passé telles choses mauvaises dans une, deux ou trois sectes, et qu'on en fait tout un battage, c'est qu'il faut se méfier de TOUTES les sectes.

    En réalité, ce qui est en jeu n'est pas la mise en danger de quelques individus. On peut tout aussi bien être mis en danger dans une entreprise, dans une université, ou dans tout groupe humain où l'endoctrinement et/ou le harcèlement existe... Des tas de gens se retrouvent dans des tribunaux ou des cabinets de psychiatre suite à l'abus d'un patron, d'un dirigeant ou même parfois d'un simple membre d'association ou encore d'un salarié. Il est donc tout à fait exagéré et caricatural de "tirer sur les gourous".

    Non, ce qui est en jeu, c'est la norme sociale, que l'ordre établi (c'est à dire les individus qui en sont garants) considère comme mise en danger par des mouvements qui prônent des idées différentes, et parfois contradictoires avec le discours officiel. Est-ce que cela est pourtant condamnable ? Dans ce cas, il faut aussi considérer comme sectes tous les mouvements alter-mondialiste, tous les communistes, les écolos radicaux, en somme tout ceux qui revendiquent autre chose que ce qui existe déjà, comme s'il ne fallait rien toucher à ce qui est en place...

    L'une des choses qui dérange souvent l'ordre en place, ce sont les gens qui parviennent à se créer une vie presque autonome en dehors de la société officielle. Ces gens là représentent une menace dans le sens qu'ils remettent en cause les principes qui permettent le contrôle social. Si à cause d'eux, une grande frange de la population se rend compte que l'on peut penser autrement, vivre autrement, arrêter d'alimenter les canaux qui "nourrissent" le pouvoir, c'est à dire le commerce, l'économie au sens large, où va-t-on ? Où va-t-on si les gens produisent ce qu'ils consomment, à l'époque où le pouvoir politique et le système de redistribution se considère comme tributaire des revenus retirés de la consommation de masse, de la croissance, et de tout ce qui s'ensuit ? Où va-t-on si au moment où le pouvoir d'achat est devenu un "problème" crucial pour la perpétuation de ce système de consommation, tout le monde se rend compte qu'en fait, une autre façon de vivre est possible ? Où va-t-on si le bonheur ne dépend plus de nos possessions matérielles uniquement, mais aussi un peu du bonheur spirituel que certaines "sectes" fournissent, au grand dam des religions établies et du pouvoir en place ?

    Pendant longtemps, le christianisme, la religion européenne moderne, a assuré la promotion des valeurs de travail, de martyr, de souffrance. Il n'était pas mal vu de souffrir au travail, "pour le bien de tous", cela contribuait même à garantir une place au paradis. Le labeur a toujours été l'un des fonds de commerce de cette institution, qu'elle avait intérêt à promouvoir, puisque sa puissance découlait directement des taxes qu'elle pouvait soutirer aux travailleurs, justement... Même les pseudo-révolutions communistes ont cru pouvoir récupérer ce symbole à leur propre profit, en roulant dans la farine les peuples qui avaient participé à ces révolutions illusoires.

    Il se pourrait que parmi toutes "sectes" qui existent, un certain nombre ne défendent pas cette valeur absolue du travail. Il se pourrait que l'être humain puisse espérer vivre autrement qu'en se livrant à cette obligation, partie du conditionnement de masse que nous avons tous subi depuis des générations. Il se pourrait en tout cas que nous puissions vivre aussi heureux, et peut-être même plus, en travaillant moins, et sans gagner plus... Mais qu'adviendrait-il si nous nous mettions à penser comme cela en grand nombre ? Qu'adviendrait-il ? La chute du système ? Une mort collective ? Le système actuel ne nous conduit-il pas, de toute façon, à un "abattoir écologique" inévitable ? Qu'avons-nous à perdre à envisager les choses autrement ? Est-ce mal de penser autrement ? Est-ce mal de remettre en cause l'éternelle propagande de la productivité ? Pas si éternelle que ça, puisque cette obsession n'est née qu'au début de la récente ère industrielle.

    Je crois avoir mentionné cela dans un de mes commentaires récents, mais il faut savoir que nous dormons actuellement deux heures de moins qu'il y a un siècle. Ne pourrions-nous pas réellement envisager sérieusement une refonte plus humaine de notre société d'esclavagisme moderne ? Ne pourrions-nous vraiment pas faire objection à ces idées reçues sur le travail, le paradis, et tout ce genre de chose sans pour cela être persécuté ?

    Je le crois sincèrement. Ce qu'il faut comprendre de la lutte anti-sectes n'est pas essentiellement l'humanisme. Lorsque l'on voit que des groupes tels que l'ADFI utilise des techniques barbares telles que le "deprogramming", non il ne s'agit pas d'humanisme. Il s'agit d'un rapport de force de grande ampleur entre des flux idéologiques. L'un veut contrôler l'humanité dans son ensemble, l'autre veut lui proposer des alternatives.

    Pilule bleue et pilule rouge, ça vous dit quelque chose ?


5 - Les excès de tolérance ou comment rendre les masses apathiques

    La tolérance, comme la liberté, est devenue une des valeurs phare de notre société. Elle est devenue tellement prégnante qu'il est devenue presque impossible de l'appréhender, presque interdit de l'interpréter, sous peine de suspicion d'une culpabilité. Celle d'intolérance, bien sûr.

    Pourtant, la tolérance, comme toute chose, doit avoir ses limites, sinon elle sera immanquablement utilisée à des fins de terrorisme intellectuel, sans parler des récupérations politiques similaires, l'orientant sur le terrain de la propagande.

    Je ne suis pas clair ? Que veux-je dire par là ? Simplement qu'aujourd'hui, nous avons collectivement atteint un tel niveau d'apathie, de passivité, que la tolérance en est devenu l'un des prétextes principaux.  En fait, dans ce dernier article (avant la conclusion) je voulais prendre l'exemple d'une valeur centrale et nécessaire à la vie sociale, pour démontrer comment elle peut être détournée, puis récupérée à des fins aberrantes et totalitaires renforçant le contrôle social dont j'ai parlé précédemment.

    Comme je l'ai dit dans l'article en question, un certain niveau de contrôle social est certainement nécessaire à toute société, sans quoi le chaos prendrait trop de place, et toute entreprise serait vouée à l'échec, à cause des forces contradictoire et subjectives qui s'exerceraient à son encontre. La tolérance est l'une des valeurs nécessaires à ce contrôle social, puisque c'est le niveau de tolérance d'une société qui détermine la diversité des actions que peuvent entreprendre les individus qui la composent. Comme chaque individu est doté d'un certain niveau de tolérance, et qu'il tentera naturellement de s'opposer à une entreprise qui lui parait nuisible, pour lui, ses "alliés", sa famille, etc.; il devient nécessaire d'imposer cette valeur afin que chacun puisse avoir un espace de liberté à soi, dans lequel personne n'aura de légitimité pour intervenir. C'est cela qui vous permet de regarder la télé chez vous, sans que quelqu'un vienne changer la chaîne sous prétexte que c'est mauvais pour vous, ou encore qui vous permet de décider si vous voulez fumer ou non, arrêter ou non, et ainsi de suite. Dans les sociétés ou cette valeur n'existe pas, les interdits triomphent, l'oppression est le système dominant. Songez donc aux peuples qui subissent encore le fanatisme religieux de masse par exemple... Mais je ne m'étendrai pas là-dessus.

    Seulement, un autre problème intervient lorsqu'il y a excès de cette valeur. En effet, lorsqu'une valeur est sacralisée, un rien peut constituer un sacrilège à son encontre.

    C'est ainsi que nous arrivons dors et déjà à un stade ou, paradoxalement, il devient interdit de s'exprimer, dès lors que vous voulez exprimer une idée contraire au sacro-saint principe de la tolérance. Et par conséquent c'est le serpent qui se mord la queue : à cause d'un respect trop excessif du principe de tolérance, il devient intolérable qu'on s'exprime. Et le principe énoncé perd lui-même tout sens... Sans que cela ne choque grand monde.

    Les apôtres modernes de la tolérance ont pour coutume de tenter d'interdire toute critique, au lieu de la tolérer, toute manifestation de protestation, en protestant eux-mêmes, toute velléité de négation de ce qui est établi ou le sera prochainement, ceci en niant le droit même de le faire. Et ce au nom de la tolérance.

    Nous avons donc là quelque chose de manifestement pourri et absurde, puisque c'est quelque chose qui, en définitive, se nie soi-même. Comment peut-on prêcher la tolérance tout en exerçant la tolérance la plus aboutie ? Comment peut-on prôner une valeur que l'on piétine en le faisant ? La tolérance, est-ce vraiment cela ?

    Il me semble plutôt que la tolérance est invoquée pour tout et n'importe quoi, notamment pour dénoncer quelque chose qui, subjectivement, ne nous plaît pas. L'appel à la tolérance est ici tentant, puisqu'il nous donne une chance d'ériger notre subjectivité en un absolu mesuré à l'aune du Dieu tolérance. Par contre, les mêmes apôtres de la tolérance n'hésiteront pas à jeter l'anathème sur des choses qui "ne devraient pas exister". Pourquoi ? Parce qu'elles les obligent à manifester leur intolérance ? C'est tout de même curieux...

    Alors qu'est-ce qui a bien pu pervertir cette notion de tolérance, pourtant limpide au départ ? Et bien simplement une politisation du terme... Au départ, la tolérance, ce n'est pas politique. La tolérance n'est pas une divinité qui dit "l'homosexualité c'est bien, et le racisme c'est mal". Par conséquent, rien ne dit, dans la définition de la tolérance, qu'il faut tolérer les homosexuels et pas les racistes. Je ne fais pas de la politique, en disant cela, je replace simplement ce terme à sa place. Mais j'avoue n'avoir pas choisi ces exemples au hasard...

    Je ne suis par exemple moi-même le contraire d'un raciste, et si je peux comprendre certains motifs poussant certaines personnes à se dire racistes, je trouve que leur démarche, c'est de la merde : je ne la tolère pas. Mais je ne vais alors pas prétendre que "je suis tolérant". Je ne le suis pas... On ne peut pas tout tolérer, c'est le contraire qui serait aberrant... Or c'est pourtant bien ce qu'on essaye de nous faire croire.

    Mais alors d'où vient donc cette politisation de ce terme ? Vous me direz certainement avec raison que cette exigence de tolérance, ce n'est ni dans les médias qu'on la trouve, ni dans les milieux politiques, qui passent leur temps à dénigrer les idées de leurs opposants, mais bien autour de nous. Et bien oui, c'est cela le contrôle social. Ce n'est pas quelque chose qui est uniquement porté par l'autorité et ses relais médiatiques, mais bien d'abord quelque chose d'intégré par la masse, quelque chose qu'elle bêle et se rabâche constamment à elle-même, parce que ça lui évite d'avoir à réfléchir sur le fond et à remettre en cause les fondements de ses habitudes et de son vécu... Le prémaché est bien plus facile à "digérer", c'est connu, et l'instinct (qui englobe le comportement routinier, entre autres) est beaucoup plus difficile à déstabiliser que le mental, qui est de toute façon caractérisé par le doute.

    L'on peut donc utiliser, dans un but de contrôle social, tout aussi bien le doute d'origine mental que l'habitude, d'origine instinctive, d'accepter ce que l'on n'a jamais ressenti le besoin de remettre en cause, comme par exemple la réalité du monde qui nous entoure ou la solidité de nos convictions, pourtant plus souvent basées sur des a priori intuitifs que sur des faits vérifiés, parce qu'en fait souvent invérifiables, ou difficiles à vérifier...

    C'est de cette manière que l'on peut faire culpabiliser les gens en leur insufflant la conviction que "ça n'est pas bien de juger, c'est mal d'être intolérant", et en faisant en sorte que cette "vérité " s'entretienne d'elle-même. Car en étouffant ainsi le sens critique, ce qui est obtenu c'est la tranquillité auto-entretenue des masses. Et par là même, on peut garantir sa soumission à l'ordre établi, sa passivité face à la nouveauté. Passivité relative, certes, car l'instinct tendant vers l'esprit routinier, il nous faut du temps pour nous adapter à de nouvelles conditions de travail, par exemple, ou à l'idée qu'il va "falloir se serrer la ceinture" (pour le bien de qui ?). Si cette idée n'était pas suffisamment implantée dans l'esprit des masses, il y aurait à coup sûr beaucoup plus de soulèvements, de révoltes...

    C'est cette leçon bien retenue du passé qui a conduit au détournement du rôle primaire des médias, comme le décrit très bien Chomsky. Au départ, les médias étaient un instrument d'information et donc de contre-pouvoir, puisque les médias étaient le relais privilégié entre le peuple et le pouvoir afin que les premiers soient informés des agissements du second.

    A présent, il y a eu comme une inversion, et si les médias informent toujours le peuple des agissements des gouvernements, ils participent aussi, de manière pernicieuse car mal assumée, à leur propagande, et donc au conditionnement des masses. Comment procèdent-ils ? Et bien ils n'ont pas grand chose à faire... Il leur suffit de nous délivrer des messages de peur, qu'ils nous avertissent de tout ce que nous risquons à faire ainsi ou à ne pas faire comme cela, et nous faisons le gros du travail en introjectant ces signaux et en les transformant en valeurs et en principes moraux ou autres, construisant nous même notre propre prison, en alimentant le contrôle social que l'on veut que nous maintenions.

    C'est pourquoi je voudrais conclure cet article, avant d'en venir à ma conclusion sur la série d'articles elle-même, en annonçant que non, les médias et les politiques ne nous manipulent pas. Ils n'ont pas besoin de le faire, car nous sommes beaucoup plus compétents qu'eux pour cela. Ce que je crois, et je le développerai plus avant dans mon article de conclusion, c'est que le conditionnement est inscrit dans les gênes de l'homme, et que tout ce que nous savons faire est de bêtement s'y soumettre... Les politiciens se mentent à eux-mêmes autant que nous nous mentons à nous mêmes en croyant bâtir notre liberté là où nous érigeons notre prison. Quant aux médias, ils relayent ces mensonges en les estimant vrais, parce que eux non plus ne voient pas plus loin que cela. C'est ainsi que le système s'entretient : autant de par les mensonges des dirigeants que de la capacité des autres à les accepter et à les entretenir...

Ainsi, en croyant que nous défendons des valeurs de tolérance et de démocratie en marginalisant les anti-conformistes, les "anormaux" et en allant faire la guerre aux méchants islamistes... Ce que nous faisons en réalité, c'est déployer des forces d'inertie, de résistance et d'extension du territoire purement instinctives, qui nous dépassent largement...


6 - Conclusions, et réflexions sur la place du chamanisme dans le contexte de la société moderne

    Comme j'ai essayé de le faire apparaître en filigrane de ma série d'articles, à travers la question du conditionnement, c'est la nature humaine qui est questionnée, et donc la place des chamanes et du chamanisme dans cela.

    On a longtemps dépeint les chamanes comme des mystificateurs, voire des charlatans et des escrocs. Mais s'il est vrai que certains utilisent des techniques de prestidigitation ou d'illusionisme, ce n'est pas pour mieux tromper des pigeons, mais bien la plupart du temps pour mieux venir en aide à des gens à qui ils n'ont pas le temps, ni vraiment la possibilité, à vrai dire, d'expliquer leur "science" ou leur pratique. Il est alors bien plus rapide de recourir à des petits tours de passe-passe qui tromperont l'attention de l'assistance, et l'émerveilleront, alors que le travail du chamane se trouve en réalité au niveau de l'invisible. La fonction de ces illusions est alors de faire croire que l'invisible peut devenir visible à l'assistance, et non pas de faire croire qu'il se passe quelque chose alors qu'il ne se passe rien...

    La tromperie est donc en quelque sorte l'un des attributs des chamanes. C'est pourquoi il est difficile de "rouler" un chamane averti... Et c'est pourquoi désormais que la tromperie, l'embrigadement, la propagande, sont devenues des composantes essentielles de notre société, il est temps de dire qu'au contraire le chamane peut jouer un rôle de démystificateur.

    Soyons clairs, les chamanes ne sont presque jamais des acteurs de la vie politique, pour la simple et bonne raison qu'ils vivent à l'écart de la tribu, du clan, de la communauté. C'est ce même écart qui leur permet d'avoir le temps et le recul pour analyser les choses, les comportements, en même temps que leurs pratiques mystiques les aident à acquérir une connaissance de l'âme humaine.

    Alors, c'est peut-être ma vie marginale et anticonformiste qui le veut, mais je n'ai pas l'orgueil d'être le seul à avoir découvert cela... Mais je voulais exposer ici mes premières conclusions sur la société dans laquelle je vis... en marge.
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    L'on crache souvent sur les politiciens. Ils seraient tous véreux, pourris, attirés par le pouvoir uniquement parce qu'ils ont le mensonge, la corruption et le vice dans la peau. Mais ça n'est pas vrai. Pas toujours, en tout cas.

    La mode est aussi à dénigrer les médias, à dénoncer leurs accointances avec le pouvoir, leur complicité avec certains personnages hauts-placés, leur habitude à n'exposer que le sensationnel et à taire le véritablement choquant. Ce n'est pas faux. Mais le problème est plus complexe.

    On culpabilise aussi les masses, l'insuffisance de leur attitude écologique, leur fainéantise, leur subversivité, leur moutonnerie. Mais là encore, c'est un peu court. Les masses n'ont pour se défendre, se prémunir des manipulations, que les outils qu'on leur donne, et ce n'est pas dans l'intérêt de ceux qui détiennent les privilèges du pouvoir que de trop leur laisser l'occasion d'en acquérir.

    Je ne prétends avoir démêlé l'essentiel du problème, non, loin de là, et je pense même que certains sont allés, ou iront beaucoup plus loin que moi. Seulement il y a quelques années j'ai écrit un livre - non publié - dans lequel je donnais ma version des événements futurs, si l'on continue dans ce sens. Une version ni optimiste ni pessimiste, dans laquelle à la fin, l'homme renonce à la mascarade politico-médiatique, mais trop tard. Aujourd'hui, j'en écrirais une autre version, et d'ailleurs c'est en projet, donc je n'en dirai pas plus. Mais si je parle de cela, c'est parce que je pense que si ma version n'était pas très bonne, elle n'était tout de même pas sans une certaine lucidité.

    J'avais néanmoins oublié un critère de taille. L'instinct humain.

    Car nous pensons que la civilisation nous tient éloignés de nos instincts. Nous pensons que la ville fait de nous des êtres de raison, voués au progrès, à l'intelligence à la fois individuelle et commune. Nous croyons que sommes sortis de l'âge de pierre. Tout cela à tort. Car nous sommes simplement entrés dans l'âge du béton, actuellement dans l'ère transitoire du pétrole. Quel sera le prochain âge ? Celui du sable ?

    L'homme poursuit sa marche en avant, ou plutôt devrais-je dire sa fuite en avant. Parce qu'il ne sait rien faire d'autre. Parce que son instinct l'y pousse. Est-ce vraiment par altruisme, par recherche de gloire, ou par l'élan du progrès, que nous avons inventé l'impérialisme ? Non, l'impérialisme, encore de mise aujourd'hui, n'est qu'une extension pas vraiment subtile du territorialisme de nos ancêtres, ce qui ne nous élève même pas au-dessus des chiens, ours, panthères et autres animaux territoriaux (pour lesquels j'ai de l'admiration, je le précise, tout comme je suis fasciné par la capacité de l'homme a ne finalement pas tellement s'en éloigner). Nous nous croyons plus intelligents alors que nous sommes seulement plus complexes, plus inventifs, plus volubiles...

    Nos villes seraient-elles des carrefours d'intelligence, de sociabilité, en gros les joyaux d'une civilisation dénuée de toute bestialité ? Dans ce cas, pourquoi y meurt-on seul et ignoré des autres ? Pourquoi ne communique-t-on pas avec nos nombreux voisins ? Pourquoi le meurtre et le viol y-sont-ils plus fréquents et concentrés qu'ailleurs ? Pourquoi les pathologies psychiques y sont elles en croissance fulgurante, sans parler des allergies et maladies respiratoires ? Les villes sont-elles vraiment un "biotope" sain, à taille humaine et une démonstration de la grandeur de notre inventivité, ou juste des amoncellements stupides d'édifices à la gloire de notre orgueil et de notre artificialité ?

    Nos structures sociales sont-elles des modèles de respect de la richesse humaine, rendues possibles par une solidarité et une élévation d'esprit merveilleuses ? Ou bien ne   sont-elles que des monstruosités bureaucratiques déshumanisées, instruments de répression de l'anormalité et de ceux qui refusent de participer à cette brutalité institutionnalisée et sans nom ?

    J'affirme que l'instinct humain (fondamentalement similaire à l'instinct animal) se cache partout, juste derrière le vernis de la société "propre" et hygiénique. Le contrôle social c'est l'esprit de meute poussé à son paroxysme, rien de particulièrement humain là-dedans, c'est très animal, et peut-être faut-il avoir chamanisé et avoir fusionné avec des esprits animaux pour s'en rendre compte pleinement... L'économie, c'est l'instinct de propriété, voisin de l'instinct de territorialité. Les échanges commerciaux proviennent uniquement de la compréhension que c'est profitable, et que donc cela satisfait d'autant plus l'instinct de propriété. Est-ce véritablement propre à l'humain, ou bien ce qui est propre à l'humain est de n'être, en définitive qu'un animal dont les instincts se complexifient et se ramifient au point qu'il n'arrive même plus à se rendre compte que tout ce qu'il croit civilisé et raffiné c'est, à l'origine, de l'instinct pur ? De même la moutonnerie, très humaine malgré son nom, c'est l'instinct grégaire du troupeau.

    Et ainsi de suite, de loin en loin, on découvre que rien n'y échappe dans la société. Au bout du compte, le conditionnement dont j'ai parlé dans cette série d'articles, n'est que le résultat logique d'un long processus évolutif de nos instincts, et surtout de la manière dont on peut en tirer partie pour les détourner, nous maintenir dans l'apathie, éteindre notre sens critique. Cette manière a été découverte, et sera de plus en plus employée par les gens de pouvoir, car plus on avance, et mieux on les connaît, mieux on les comprend, mieux on peut les maîtriser, les détourner, les utiliser à notre encontre. C'est ainsi entre autres, que l'homme est, comme on dit, un loup pour l'homme. Nos instincts nous gouvernent, les gens de pouvoirs, en bons mâles alpha (les dominants) en tirent partie, leurs subalternes médiatiques les soutiennent, tout cela plus ou moins de manière inconsciente, chacun cherchant à préserver son bout de gras, et nous appelons cela "civilisation" et "démocratie".

    Alors les chamanes sont-ils si inutiles de nos jours ? J'en doute. Avec cette orgie d'instincts ignorés, niés, refoulés, dissimulés, manipulés, détournés ou rendus socialement acceptables par des raffinements trompeurs et des frustrations toujours plus grandes, il n'est pas étonnant que les maladies somatiques (entre autres) fleurissent... De nos jours, je crois qu'il n'y a rien de plus vrai que de dire que la société est malade, or le chamane est aussi un thérapeute des collectivités, tout comme l'artiste apporte du baume au coeur des gens meurtris par la violence (surtout morale) qui n'a décidément pas quitté nos vies "civilisées".

    De quoi la société est-elle malade ? Certainement de ses excès, de ses non-dits, de ses mensonges, de ses aveuglements, de ses reniements, de ses carences aussi. Un malade qui ignore tout cela est, à terme, condamné. Ne nous en obsédons pas, mais pensons-y. La vie est l'ultime héritage laissé par nos ancêtres et nous sommes en train de la laisser filer. Certes nous sommes voués à mourir tôt ou tard, mais est-ce nécessaire que cela soit de notre imbécillité, alors que nous nous targuons de notre intelligence ? Violerons-nous de cette façon l'ultime instinct qu'est celui de la survie alors que nous ne parvenons pas à semer les autres malgré nos efforts ? Ce serait une morale de l'histoire qui, je l'avoue, m'amuserait assez... Si je pouvais survivre à cette fable.

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